Humacitia – Travail Social en Exercice Libéral (TSEL)

Il y a des histoires…

Par Malory, Éducatrice Spécialisée

 

La « mort sociale » désigne une situation d’isolement extrême. Concept théorisé par le chercheur Louis-Vincent THOMAS, il s’appuie sur la disparition progressive des cinq cercles de sociabilité : la famille, le travail, les amis, le voisinage et la vie associative.

En 2025, le baromètre national estime que 750 000 personnes de 60 ans et plus sont concernées en France. Les personnes âgées sont en première ligne, mais aussi les personnes sans papiers, sans domicile, détenues, en situation de handicap ou souffrant de maladies laissées à distance des institutions*.

Cherbourg : des acteurs mobilisés

 

Croix-Rouge française, Petits Frères des Pauvres, structures locales… plusieurs associations interviennent dans la lutte contre l’isolement.
En travail social libéral, nous collaborons également avec les MJPM (mandataires judiciaires à la protection des majeurs), qui accompagnent les personnes vulnérables dans l’exercice de leurs droits et veillent à limiter l’isolement lorsqu’il menace la santé ou l’autonomie.

C’est dans ce cadre que j’ai été sollicitée il y a un peu plus d’un an pour accompagner Émilie, bientôt 80 ans.

Émilie : dix ans d’isolement progressif

Veuve, présentant un léger handicap intellectuel et éloignée de sa famille, Émilie a cessé de sortir de chez elle après plusieurs chutes et problèmes de santé.
Depuis deux ans, elle ne franchissait plus le seuil de son appartement, sauf pour des hospitalisations. Son quotidien se limitait à la télévision, aux visites des aides à domicile… et au silence.

Lors de notre première rencontre, elle exprime sa peur de tomber et son impossibilité d’envisager une sortie. Le médecin préconise pourtant plus d’activité.

Retisser un lien, étape par étape

Nous avons commencé par de la gym douce, des échanges autour de la musique et quelques ateliers cuisine.
Puis, un premier pas : sortir de la résidence. Rapidement, l’usage d’un fauteuil roulant apparaît nécessaire. Une demande est faite auprès de sa tutrice et de son médecin.

Avec le matériel adapté, tout redevient possible : se promener dans Cherbourg, faire ses courses en choisissant elle-même ses articles, savourer une glace au port ou déjeuner au restaurant.
Pour son anniversaire, elle a demandé un couscous : le premier dégusté dans un restaurant depuis… plus de 50 ans.

Aujourd’hui

Émilie projette désormais d’intégrer une résidence autonomie pour retrouver un cadre sécurisant, du lien et des activités collectives.

Rompre l’isolement peut commencer par un geste simple : saluer un voisin, discuter avec un commerçant, participer à un événement de quartier.
Mais cela ne se fait pas toujours seul. Proches, bénévoles, professionnels : chacun peut contribuer à empêcher une « mort sociale ».

À Cherbourg, le CCAS propose aussi des visites de courtoisie pour les personnes isolées. Le lien est disponible ci-dessous.

Pour aller plus loin :