Humacitia – Travail Social en Exercice Libéral (TSEL)

personnes qui se tiennent la main groupement humacitia

Derrière Humacitia :
une histoire de terrain, de convictions et d’engagement

yann schraauwers fondateur et directeur humacitia

Tout a commencé par un malaise.

Pas un grand fracas. Plutôt une fatigue. Un sentiment d’éloignement, de décalage. Dans mon travail de terrain, je ne me retrouvais plus. Les institutions, les cadres, les procédures… je les comprenais. Mais je n’y croyais plus. Je voyais autour de moi des collègues dévoué·es, compétent·es, en colère ou résigné·es. Et surtout, je voyais des personnes fragilisées à qui l’on ne répondait plus. Pas vraiment. Pas comme il faudrait.

Alors, en 2011, avec quelques collègues, on a rêvé d’un autre cadre. Un espace à nous. Plus libre, plus exigeant, plus aligné. On a écrit des fiches de poste, des idées, un projet… Mais une idée n’est pas un projet. Et un projet ne tient pas sans engagement.

En 2012, j’ai pris la route. J’ai cherché celles et ceux qui, comme moi, tentaient d’exercer autrement. J’ai vu des éclats de courage, des bouts de solution, mais aussi des logiques de repli, de méfiance. Chacun voulait avancer, mais peu voulaient avancer ensemble.

En 2013, j’ai tenté une première structure collective qui a rassemblé 50 personnes en quelques mois. Toutes enthousiastes. Toutes « partantes ». Mais le collectif ne prenait pas. Personne n’osait donner sans garantie.

C’est à ce moment-là que j’ai compris que la coopération, ça ne s’improvise pas.

L’innovation sociale ne repose pas sur des intentions ou des slogans. Elle demande des conditions concrètes, exigeantes, parfois invisibles mais essentielles : 

Alors j’ai recommencé. Plus doucement. Plus profondément. Avec des professionnels déjà en exercice, prêts à s’engager pour de vrai.
 
On a posé des conditions d’entrée : une adhésion ferme, une cotisation, une durée. Non pas pour filtrer, mais pour protéger un socle commun, garantir un engagement réel et partagé.
 
Et surtout, on a inversé la pyramide : les décisions se prennent dans la transparence, avec la conviction que la force du groupe vient de la diversité des voix et de la capacité à accueillir l’altérité.
  • Un cadre clair, pour savoir où l’on va et comment on y va.
  • De la sécurité, pour oser proposer, essayer, se tromper.
  • De la bienveillance, pour accueillir les différences sans jugement.
  • De la confiance, pour avancer ensemble sans se surveiller.
  • Du temps, pour construire sans précipitation.
  • Une ouverture à l’altérité, pour que chacun puisse exister pleinement.
  • Le droit à l’essai, parce que l’innovation naît souvent du flou et du tâtonnement.

Des valeurs vivantes

Humacitia, ce n’est pas un produit, ni même une marque.

Humacitia ne repose pas sur des dogmes, mais sur des principes en mouvement.

👉 Humacitia est un espace vivant. Un réseau fragile et fort à la fois. Un lieu où l’on tente, ensemble, de réconcilier engagement personnel et intérêt général.
Ces valeurs ne sont pas des normes à appliquer, mais des horizons à explorer.
Elles nous rappellent que l’innovation sociale n’est pas une méthode figée, mais une posture éthique. Une démarche d’instabilité féconde, fondée sur le droit à l’essai, le flou assumé, et la transformation des rapports sociaux. Elles nous invitent à accueillir l’incertitude, à ouvrir des espaces de co-construction, à faire et défaire ensemble.
J’ai longtemps cru qu’il fallait des associés, des partenaires, un entourage. Que je n’étais pas assez ceci ou cela. Que je devais chercher à l’extérieur.
 
Mais le temps m’a appris que l’alignement ne se délègue pas. La vision ne s’achète pas. Elle se garde. Elle se travaille. Elle se partage, oui — mais seulement quand c’est le bon moment, et avec les bonnes personnes.
J’ai vu des projets s’effondrer non pas par manque de moyens, mais par désalignement profond. Des aventures collectives où chacun embrassait la cause… jusqu’à ce que les intérêts divergent. L’engagement ne tient pas sans cohérence. Et la cohérence ne tient pas sans éthique partagée.
 
Dans un projet comme Humacitia, on ne peut pas avancer à moitié. Il faut être prêt à renoncer à la facilité, à l’immédiateté, à la logique du gain. Ce que nous construisons ici demande du temps, de la clarté, et une fidélité inventive. Pas à une personne, mais à une vision. À une manière d’être ensemble.
Bien que j’en sois le fondateur, Humacitia ne m’appartient pas. Je n’en suis que le dépositaire, pour un temps. Un jour, il sera sans doute l’heure de laisser ma place, de transmettre à d’autres cette responsabilité. C’est aussi cela, l’engagement : savoir passer le relais, pour que l’aventure continue, fidèle à ses valeurs, mais toujours en mouvement.
 
Aujourd’hui, je me considère simplement au service de ce projet, de celles et ceux qui le font vivre, et de l’idée qu’il incarne. Et je dois l’avouer : il faut sans doute être un peu fou pour diriger sans vouloir posséder ! Alors oui, je suis dirigeant. Enfin… un dirigeant un peu à l’envers. Et c’est peut-être ce qui me rend le plus fier.

Parce que ce que nous faisons ici n’est pas juste utile. C’est nécessaire. Et profondément vivant. Ce n’est pas l’histoire d’une personne, mais celle d’un collectif en mouvement, ouvert à toutes celles et ceux qui partagent cette envie d’agir autrement.