
- Réflexions du moment
Étude de marché ou étude de besoin ?
Pourquoi les mots que nous utilisons façonnent nos pratiques dans le travail social libéral
Introduction
Dans le champ du travail social, l’usage de certains termes issus du monde entrepreneurial peut interroger. “Étude de marché”, par exemple, est devenu un incontournable dans les démarches de création d’activité. Mais que signifie-t-il lorsqu’on l’applique à des métiers fondés sur l’accompagnement, la relation, le soin, la prévention ?
Cette question n’est pas qu’un débat sémantique. Elle touche à notre posture professionnelle, à notre éthique, et à notre manière d’entreprendre autrement.
Étude de marché : une logique commerciale
L’étude de marché, dans sa définition classique, vise à :
- Identifier une demande solvable
- Mesurer le potentiel économique d’une offre
- Repérer les concurrents et les opportunités
- Valider la viabilité d’un projet
Cette approche est pertinente dans de nombreux secteurs. Mais dans le travail social, elle induit une logique de conquête des parts à prendre ; des clients à fidéliser ; des concurrents à battre.
Dans cette logique, il serait alors pertinent de créer des problèmes pour justifier des solutions, les à résoudre… mais pas trop, pour maintenir une “clientèle”, ou se positionner comme réponse unique, comme le remède miracle. Problème, de nombreux entrepreneurs sont formés sur cette méthode !
Étude de besoin : une posture professionnelle
À l’inverse, l’étude de besoin part du terrain.
Elle vise à :
- Comprendre les vécus, les attentes, les manques
- Identifier les leviers d’action pertinents
- Co-construire des réponses ajustées
- Légitimer une intervention
C’est une démarche profondément ancrée dans les pratiques des travailleurs sociaux :
👉 Elle ne cherche pas à vendre une solution, mais à répondre à une réalité.
👉 Elle ne vise pas la rentabilité, mais la pertinence.
👉Elle ne séduit pas un marché, elle s’aligne sur une mission.
👉 Elle ne vise pas la rentabilité, mais la pertinence.
👉Elle ne séduit pas un marché, elle s’aligne sur une mission.
Benchmark, étude de marché, étude de besoin : bien nommer les choses
Dans les échanges professionnels, il arrive que l’on confonde étude de marché et benchmark — qui est une analyse comparative des acteurs, des offres, des positionnements.
Le benchmark est utile pour se situer, comprendre l’environnement, repérer des leviers. Mais il ne remplace pas l’étude de besoin, qui reste la boussole éthique du travail social.
Le benchmark est utile pour se situer, comprendre l’environnement, repérer des leviers. Mais il ne remplace pas l’étude de besoin, qui reste la boussole éthique du travail social.
Bien nommer les choses, c’est déjà une manière de résister. C’est aussi une manière de penser autrement, et d’entreprendre autrement
Conclusion
Étude de marché ou étude de besoin ?
La question est moins technique qu’elle n’en a l’air.
Elle nous invite à réfléchir à notre posture, à notre langage, à notre manière d’agir.
La question est moins technique qu’elle n’en a l’air.
Elle nous invite à réfléchir à notre posture, à notre langage, à notre manière d’agir.
Et si nous faisions de cette distinction un point de départ pour penser autrement nos pratiques professionnelles ?
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